Bibliothèques Sans Frontières (BSF) est une association qui facilité l’accès à l’information, l’éducation, la culture et l’information des personnes vulnérables ou affectées par des crises humanitaires. Présente dans une trentaine de pays, BSF collabore avec des acteurs locaux pour aller vers environ 500 000 personnes chaque année, principalement des jeunes.
L’innovation est au coeur de l’expertise de BSF, c’est même son premier pilier avec la création de contenus adaptés à chaque contexte et la formation de médiateur⸱ices.
Son outil phare, l’Ideas Box, désignée en 2024 par Philippe Starck, est une médiathèque mobile déployable en vingt minutes sur tous les terrains avec des livres bien sûr mais aussi des jeux, du matériel créatif, des tablettes et ordinateurs permettant d’accéder à des contenus digitaux même sans connexion à internet, grâce à l’Ideas Cube. C’est un petit serveur conçu par BSF pour donner accès à de nombreuses ressources offline.
L’entreprise sociale de BSF, Kajou, a également inventé une carte micro SD qui s’insère dans les téléphones moiles et permet d’accéder à des contenus de formation sans connexion internet ni consommation de données.
Dans cette même logique d’utiliser l’innovation comme levier pour aller vers les populations les plus éloignées de la connaissance pour des raisons économiques, sociales, techniques ou symboliques, BSF vient de lancer son initiative IDEAS AI.
Dans ce cadre, BSF plaide et agit pour une IA au service de la diversité culturelle et linguistique, des technologies accessibles en science ouverte et dans des contextes techniques frugaux ainsi que pour la formation massive de toutes et tous les citoyen·nes pour faire de cette révolution technologique une révolution d’accès aux savoirs et à l’éducation dans le monde.
Concrètement, BSF utilise déjà l’IA dans des projets dans trois domaines pour faire la différence :
Dans les pays où la langue d’enseignement est le français comme le Sénégal, une application basée sur l'IA est en cours de développement pour aider les enseignants à maîtriser le français et ainsi améliorer la qualité de l'enseignement et donc la réussite des élèves en fournissant des ressources linguistiques adaptées.
Les systèmes de santé dans de nombreux pays africains, comme la Côte d’Ivoire et le Sénégal, ont besoin d'outils simples et pratiques pour améliorer la formation des professionnels de santé et la qualité des soins.
BSF et Kajou travaillent donc sur un assistant virtuel basé sur l’IA afin d’accompagner les agents de santé communautaires en matière de formation continue et de pratique médicale. L'entraînement du modèle est en cours et BSF travaille sur les premières user stories pour l'application.
Dans les régions où les violences sexuelles dans les conflits sont un véritable fléau comme la RDC ou le Nigéria, BSF développe une interface intelligente basée sur une vaste base de données juridiques aidant ainsi les professionnels sur le terrain à soutenir les survivant·es dans leur démarches et leur reconstruction.
Comme mentionné avec le cas de Solinum dans une newsletter précédente, BSF utilise aussi l’IA pour booster ses opérations internes et maximiser son impact :
1. Pour la gestion de données : en utilisant l’IA pour analyser des données sourcées.
2. Pour créer des contenus visuels : avec des outils comme DALL-E et MidJourney produisant des images pour les personnes ne sachant pas lire.
3. Et enfin pour traduire et générer des scripts pour des vidéos pédagogiques : grâce à l’IA l’association accélère la production de contenus éducatifs adaptés à ses différents publics.
BSF voit dans l’IA une chance de transformer l’utilisation des technologies dans les pays en développement, où l’accès à internet est souvent limité. Leur ambition : créer des modèles d’IA accessibles offline et directement intégrés à leurs outils pour en maximiser l’impact.
BSF rencontre des défis importants comme le manque de moyens et d’infrastructures locales assez puissantes pour faire tourner les plus gros modèles d’IA ainsi que le manque de prise en charge des dialectes africains par les modèles de langage actuels majoritairement entraînés avec des langues européennes - ce qui génère de nombreuses erreurs. Si ça t’intéresse on te conseille de lire notre article sur le fonctionnement des LLM.
Ces limitations représentent un obstacle majeur pour BSF, dont le mandat est principalement tourné vers des populations en dehors de l’Europe. L’objectif est donc de développer des modèles de langage en langues locales afin que l’IA soit au service de la diversité linguistique et culturelle.
BSF travaille main dans la main avec deux chercheurs de Pleias, une jeune start-up spécialisée dans le développement de modèles de langage frugaux, c’est-à-dire moins gourmands en ressources, pour pouvoir les déployer sur les appareils locaux. La start-up se distingue par son approche éthique et inclusive : elle utilise des données entièrement ouvertes, garantissant une transparence totale et une auditabilité essentielle dans le contexte de l’éducation et de la santé. Les équipes de Pleais sont également expertes dans la création de modèles performants pour les langues avec peu de ressources, comme le wolof et le pulaar, et sait déployer leurs modèles sur des infrastructures restreintes et locales.
Cette approche sensibilise à l’importance de l’éthique dans l’IA et vise à ne pas laisser le champ libre seulement aux plus gros acteurs.
En savoir plus sur l’initiative Ideas AI de BSF ?
https://www.bibliosansfrontieres.org/ideas-ai/
Et si toi aussi tu utilises l’IA au service de l’intérêt général, contacte-nous pour partager ton expérience !